« Des plumes et du goudron » , roman de Christophe Desmurger
« L’ancêtre du pédagogue était un esclave chargé de conduire les enfants à l’école. Je ne serais jamais un esclave !... »
Je cite là un passage du livre de Christophe Desmurger qui résonne avec le titre, direct comme un uppercut : « Des plumes et du goudron ».
Mais ce titre peut aussi se lire d’une autre manière, moins frontale.
Les plumes, l’écriture … Le goudron, la cité.
Ce livre sur la première année d’enseignement d’un maître d’école se déroule comme une année initiatique où Louis, à la fin de cette année, a le sentiment d’être devenu un homme, avec ce que cela suppose de force et de … fragilité.
La quatrième page de couverture disait : « … il faudra que Louis accepte de moins se protéger lui-même. » Cette phrase m’intriguait. Après la lecture de ce livre, « moins se protéger » fait sens.
Ce livre est un roman dont la bannière pourrait être la devise de la République : LIBERTÉ EGALITÉ FRATERNITÉ, la cause, celle des Enfants, le combat : celui de l’Education contre l’ignorance et l’intolérance.
Au fil de l’année, le maître passe du statut de shérif qu’il s’est donné par protection à la stature d’un capitaine d’un navire où les matelots, enfants-élèves, évoluent, grandissent sous nos yeux pour aller si possible à bon port.
Les personnages sont vrais, à la fois parce qu’inspirés directement de la réalité de l’auteur, mais vrais aussi parce que la plume de l’auteur les dessine avec justesse tant et si bien que le lecteur – la lectrice et enseignante que je suis en l’occurrence – s’y attache.
On pourrait craindre d’un roman sur l’école un côté érudit ou moralisateur. Non, c’est un livre vibrant d’implication, d’engagement, où la mission du chevalier des temps modernes qu’est l’instituteur relie étroitement l’enfant-élève à la société dans laquelle il grandit.
C’est un livre engagé, qui donne envie de s’engager ou de poursuivre l’engagement, pour que l’enfant soit au cœur d’une société qui le protège et l’élève vers le meilleur de lui-même.
Touchée par l’émotion, la révolte, la tendresse, la philosophie portées par le maître-auteur et les enfants-élèves qui animent ce livre, j’ai juste envie d’écrire que ce livre, ce roman aux accents chevaleresques, se lit presque comme un polar qui nous tient captif jusqu’à la dernière page pour mieux nous Libérer.
Ce livre de Christophe Desmurger, « Des plumes et du goudron », est un plaidoyer vibrant pour la mission de l’Education, pour l’Enfant.
Isabelle V.